PAROLES

J’ai voulu momentanément lâcher c’que j’avais dans la tête, collègue
Y’a plus tueurs, que des corrects
Que des coup d’encul’ audiophonique sur la sellette, j’leur fais la roulette
Ils font que servir d’la merde en barquette, collègue
Y’a des pies, y’a des aigles, y’a du sperme, y’a des règles
Y’a plus d’acteurs que de vraies scènes dans vos textes
À qui vous vendez ça ? À force ils reconnaîtront plus le bon
J’ai fait des kilomètres de vérité pour mon charbon
J’ai les singles rabatteurs, à chaque morceau j’offre le rajout
Ton rap me monte au parf’, faut que tu me rembourse
C’est “Dramatik Music”, tombe un pack, collègue
J’vais leur cabrer sur la tête en compet’, collègue
La couronne ? Que dégun me la lègue
Je suis le peuple, je suis de ceux qui subissent les règles, hiro de la puta
Tu critiques avant d’avoir écouté le long format, après tout c’est normal (Khoya !)
En déficit de la banque du talent, certains viennent braquer les gros
Mais ces beijos, ils le font sans les gants, donc au final ça s’entend d’trop
Ils s’en rendent même pas compte qu’ils rappent comme leur idoles, en décalage de moins de 2 ans
Le rap c’est devenu le Dallas, oh pépé
Ils mettent trois heures pour signer puis t’font un album dégueulasse
Amplifié par l’appui des magazines et les radios
Rien à foutre j’suis Alonzo pas Christopher Wallace
Pas là pour vendre des histoires fantastiques aux bourgeois, nah
Ça serait la hachma, nah, je traine au Plan d’Aou, moi
J’ai toutes les races de mon quartier dans la mâchoire
Élevé au bruit du tractopelle, arrache-toi, j’m’invente pas de vie moi
On sait ce que t’as fait, ce que t’as pas fait
Ce que t’as carotté, c’que t’as camouflé
Mon environnement c’est mon reflet
8 heures vingt sur le Pradel à moitié réveillé, je suis un padre
J’ressemble à mes disques et je prends le risque
– de finir aux oubliettes comme pas mal d’artistes
Les goûts vont avec les saisons, les années, les humeurs, les générations
Pendant que tu combats le FISC
Oh my god, la miss, j’me suis amputé
J’ai arrêté l’école car l’argent m’a envoûté
On vit la discrimination monétaire, quand t’as rien, t’es personne
Y’a embouteillage dans l’embauche annonce le bison futé
À 17 ans j’tenais l’biberon
J’faisais des cash pendant qu’les gens écoutaient mon son sur Skyrock
Qui a osé prendre ma rage à la légère ? Que je le fasse tomber du haut d’ses talons
Salope, si t’y à mal au ventre prend un Spasfon
Les hommes se font belles, ils s’promènent avec des tampons
Avant que je parte comme Cantona, j’prends la Ligue des Champions
J’vous laisse l’UEFA et vos médailles de consolation
Traction avant-arrière, j’sors pas le 4×4 du concessionnaire
J’roule en smart noire dans les rues de Marseille
Demande à mon quartier, ils me connaissent
Ils veulent que je pose mes cojones
Que les MCs se jettent d’une falaise, papé
Empégué, j’vais tout leur dire
La vodka pomme va parler, j’te jure, j’vais tout leur dire
C’que j’ai semé, qui l’a récolté avant de s’enfuir ?
J’le reconnais, j’suis pas businessman, j’sais pas mentir, nah
Je sais que chanter l’incompréhension de mes frères
Représenter les gros déréglés du ter-ter
Représenter toutes les larmes que versent les mères
Représenter tous ces drames au goût amer, hein
Qui nous vend ce rap en carte postale ?
Qui est le vendeur de rêves ? Qui a le nez plongé dans son capital ?
Qui à cette fausse modestie ?
Qui soigne ces écrits ? Alors qu’en vrai, j’suis sûr qu’il parle mal
On en a marre, on s’reconnaît plus dans vos textes
C’est soit faut sortir les pare-balles ou soit faut sortir les Kleenex
Public, c’est un gros chantier le mouvement
J’suis pas parfait, j’essaie juste d’éviter la peinture fraîche quand j’suis en blanc
Histoire d’être présentable devant mes semblables
J’vends pas mon père pour être diffusé sur le câble
Public, ils veulent sauver le rap mais c’est des assassins
Comme Lino je les fume et Dieu reconnaîtra les siens !

“Braquage vocal à visage découvert”

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