PAROLES

Paroles de “Sadek – À contre-courant”

[Couplet unique]
Des secondes, des heures, des milliers d’journées, seul en pleine mer à attendre une bouée
J’vois leur navire passer en m’ignorant, personne veut m’secourir depuis qu’le mien a coulé
J’suis loin de mon lit douillet, loin de mon bébé, terrassé par les gens, les vents, les courants glacés
Maman m’avait prévenu plus d’une centaine de fois, personne veut nager à côté d’un homme qui se noie
Je dois patienter, jamais m’lamenter, saboter leur bateau, j’connais l’charpentier
Dites aux vautours que c’est pas pour cette fois encore, que mon corps, j’le garde comme mon or, jamais j’collabore même en tort
Moi, c’est la mort avant qu’on m’déshonore, j’leur donn’rai pas le plaisir d’me montrer suicidaire
La terre connaît mon sort mais tant qu’j’suis là, j’me sers, c’est la guerre qui m’a fait, c’est pas moi qui fait la guerre
J’suis pas nostalgique, mon grand, j’me souviens pas d’avant (Pas d’avant)
Traîne avec leurs supporters, les mères d’leurs attaquants (Hein)
Cœur brisé mais cœur vaillant, j’ai retouché la terre ferme en nageant (Enfin)
Pas d’vengeance dans la tête mais j’ai pas non plus le cœur à la fête
Boire des verres entouré d’plein d’hypocrites qui, au fond, participent à abrutir les petits et les p’tites en développant clichés et stéréotypes
Ils font du mal au bendo depuis la Nintendo, poto, là où j’crèche, on crève decrescendo
Configuration métro, boulot, bédo avant d’dodo, dans l’zoo, y a qu’les éboueurs qui s’lèvent tôt
Plus d’rendez-vous en tête-à-tête, les amoureux sont dans les lettes-toi, les papas rencontrent les mamans en rée-soi
Bah ouais, petit, t’as cru quoi ? T’es né après 2003, y a au moins une chance sur trois qu’t’es là grâce au Kamagra
Pendant c’temps-là, des enfants squelettiques fabriquent des Yeezy en inhalant des produits toxiques, vive l’Amérique
On a que c’qu’on mérite, dans ma tête, j’me répète que si la mère d’Hitler savait, j’suis sûr qu’elle aurait pas tué l’bébé (Sûr)
Contrôler ses sentiments, putain d’châtiment, tout l’monde préfère sauver sa p’tite gueule que tout l’continent
Quant à moi, j’en n’ai plus rien à foutre de partir vieux, j’veux juste partir bien mais l’ciel est capricieux (Ouais)
Ouais, je sais qu’partir, c’est toujours douloureux (Toujours), amoureux, sans toi, y a rien de savoureux
Et nos prises de têtes, elles m’ont rendu honnête, j’me vois pousser la poussette, j’ai du mal à m’reconnaître
Mais tant mieux, j’ai jamais été aussi heureux (Jamais)
Jamais aussi sûr de moi (Hein)
Dehors, y a rien d’chaleureux (Chaleureux)
J’vois qu’des bourrés qui crient “ouvre-moi”
Tout l’monde se croit extra-lucide, tout l’monde veut faire du rap-musique
La vie d’artiste, caprice de star, j’vois que des divas sans public
Ils ont la forme mais aucun fond, tout dans l’apparence, rien dans l’fut’
Voir leur gueule de fils de pute quand ils vont rendre les locations
Quand ils viennent pé-cho, non, c’est plus des chauds, c’est plus des jefe, ça fait que d’lécher, de vidés d’déchets, moi, ça me qué-cho
Moi, ça me fait chier de voir que des faux parlent du ghetto, parlent de bédo, parlent de métaux sans aucun recul avec la gaieté et c’est nos p’tits frères qui prennent les péchés (Toujours)
Faudrait qu’on s’libère, tordre le coup de ces vipères
Christian Dior sous la visière, rien dans l’frigidaire, moi, ça me sidère
On met la charrue avant les boeufs, on fait qu’brûler les étapes, y a même des gros fils de tain-p’ qui mettent leurs parents en EHPAD
Paraît qu’j’me prends trop la tête, p’t-être que tout ça m’excède
Des trafiquants prennent des peines secs, les pédophiles jamais perpète
Suis-je là pour aider ou pour péter l’score ? M’accorder un truc à fêter avant qu’on s’prenne un météore

PARTAGER